L’impératif de l’IA : repenser l’investissement alternatif
Finance Responsable, Vision de marché
L’impératif de l’IA : repenser l’investissement alternatif
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13 Décembre 2024
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Technologie et Innovation, Infrastructure, Buyout, Expansion, Growth, Ardian Semiconductor
Temps de lecture : 9 minutes
REPLAY ► Ardian Conference AI x AI
The AI imperative: rethinking Alternative Investment
Les atouts et les défis du développement exponentiel de l’IA dans l’économie
Les atouts et les défis du développement exponentiel de l’IA dans l’économie
D’un point de vue global, l’intelligence artificielle a déjà transformé les secteurs de la finance, de la santé et du commerce de détail notamment.
L'intelligence artificielle a déjà permis d'accroître la productivité dans ces secteurs grâce à l’automatisation de certaines tâches, mais aussi en aidant à trouver de nouvelles idées pour les entrepreneurs et fonds d'investissements.
Cette avancée technologique lancent les entreprises dans une course à l’innovation pour rester compétitives, chaque découverte rendant les précédentes obsolètes, dans une dynamique de renouvellement constant et de « destruction créatrice », conceptualisée en 1987 par les chercheurs Philippe Aghion et Peter Howitt.
Cette course à l’innovation présente cependant un risque de concentration du marché autour de quelques acteurs dominants : « Souvenons-nous lors de la révolution informatique, Google ou Amazon savaient bien mieux exploiter la technologie que leurs concurrents. Les fusions et acquisitions de ces sociétés ont mené le processus de croissance. La politique de concurrence n’ayant pas été conçue pour réguler cette pratique, les GAFAM ont donc découragé la création de nouvelles entreprises. Ce schéma est d’autant plus susceptible de se reproduire avec l’IA », analyse à son tour Philippe Aghion, Economiste et Professeur au Collège de France. Une politique de concurrence adéquate serait donc la réponse pour faciliter l’accès à la donnée, et permettre à d’autres acteurs d’exister.
Au-delà des transformations structurelles de la concurrence entre les acteurs de l’intelligence artificielle, cette disruption technologique modifie également le marché de l’emploi et les stratégies des entreprises. « Une étude menée sur 9 000 entreprises de 50 employés ou plus a révélé que l’adoption de l’IA a un effet global positif sur l'emploi comparé aux organisations qui ne l’ont pas adoptée.»
Les entreprises qui adoptent l'IA deviennent plus productives, donc plus compétitives.
Elles ont un meilleur rapport qualité-prix et la demande du marché augmente pour leurs produits. Elles emploient donc davantage. Cet effet de productivité compense largement l'effet de substitution », analyse Philippe Aghion. Une réalité qui ne s’applique pourtant pas uniformément à tous les types d’emplois. En automatisant certaines tâches répétitives, l’IA soutient les emplois de direction en leur offrant davantage de temps aux dirigeants pour créer de la valeur ajoutée. En revanche, l’automatisation présente des risques de remplacement pour les postes intermédiaires administratifs et commerciaux.
Comment l’IA transforme le métier de l'investissement et la gestion d'actifs privés ?
Comment l’IA transforme le métier de l'investissement et la gestion d'actifs privés ?
L'adoption de l'IA est désormais généralisée dans les entreprises de tous les secteurs. Dans celui de la gestion d'actifs privés, elle améliore les capacités d'analyse des équipes d'investissement et leur permet d’accompagner plus efficacement les entreprises de leur portefeuille. L'IA permet en effet d'industrialiser la collecte et l'analyse rapide de larges volumes de données stratégiques, offrant aux gestionnaires la possibilité de prendre des décisions plus éclairées et de passer au crible un nombre beaucoup plus important d'entreprises pour identifier des opportunités d'investissement.
« Les équipes [Ardian] peuvent utiliser notre application Gaia, que nous avons développée en partenariat avec Artefact [une société du portefeuille d'Ardian], pour télécharger et analyser des documents en toute sécurité, obtenir des résumés et effectuer des comparaisons. Cela leur donne un avantage concurrentiel non négligeable », explique Pauline Thomson, Head of Data Science et Managing Director chez Ardian.
La rapidité d'analyse est en effet aujourd’hui un levier clé pour les gestionnaires d'actifs.
Le marché est confronté au défi de la rapidité d'exécution des transactions. Si tout le monde peut parcourir une data room en deux heures alors qu'il vous faut deux mois, alors vous n'êtes plus dans la course. Il faut donc toujours garder une longueur d’avance.
Toutefois, la confidentialité et la sécurité des données restent des enjeux opérationnels majeurs. Ce qui justifie que les gestionnaires d'actifs développent des outils d'intelligence artificielle en interne afin de s'assurer que les informations sensibles soient protégées. « Nous pensons qu’internaliser ce type d'applications est essentiel pour tirer pleinement parti des avantages de l’IA », commente Pauline Thomson. Sans oublier l'importance de sélectionner des cas d’usage qui apporteront une valeur ajoutée significative, compte tenu des coûts énergétiques et financiers élevés du développement et de l'utilisation de tels outils.
Mais si l'IA permet d'optimiser la collecte et l'analyse de grands volumes de données, elle ne saurait remplacer l’intervention humaine pour la prise de décision. Au contraire, elle doit être considérée comme un outil puissant pour la soutenir.
L'idée n'est pas d'automatiser complètement les processus de travail, mais plutôt de déléguer les tâches à faible valeur ajoutée tout en maintenant l’implication humaine, en particulier dans les décisions finales.
Les sociétés de gestion en première ligne de l’accompagnement sur ces sujets
Les sociétés de gestion en première ligne de l’accompagnement sur ces sujets
Mais tout ne tourne pas seulement autour du large traitement possible des données. Il est principalement question de qualité des résultats. « Certains cas d’usage nous ont démontré que les gains de productivité attendus sont souvent manqués, que la valeur ajoutée n’est pas mesurée et les résultats escomptés ne sont souvent pas atteints. Préalablement à tout lancement de projet, nous devons mettre en place des cockpits pour mesurer l’impact de l’utilisation de l’IA sur les bénéfices, et évaluer les gains que nous réaliserons en termes de coûts d’exploitation et d’efficacité », rappelle Claire Calmejane, CEO de CAILEG and Non-Executive Director. L’utilisation de l’IA transforme les modèles économiques, les chaînes de valeur et les modes de travail. La refonte structurelle de certains processus internes requiert l’implication active des dirigeants pour optimiser la gestion de l’entreprise, réduire les risques, et tirer parti des opportunités que la technologie offre.
Fanjuan Shi, Directeur des systèmes d'information (CIO) et de la transformation numérique (CDO) du détaillant alimentaire Prosol, qui fait partie du portefeuille Ardian Buyout, a estimé qu’environ 60 % du succès de l’adoption de l’IA par Prosol était dû au soutien des dirigeants au projet, ainsi qu’à des programmes efficaces de gestion du changement.
De la même manière, Philippe Lamantour, Directeur de la technologie et de la cybersécurité chez Microsoft France, et intervenant lors de la table ronde, a affirmé que la plupart des entreprises cherchaient principalement à améliorer leur productivité avec l’IA. Selon lui, elles devraient plutôt donner la priorité à la qualité, en suivant des indicateurs clés de performance (KPI) tels que le taux d’attrition ou le coût d’acquisition des clients. « Se concentrer sur la qualité offre une autre perspective sur les centaines de cas d’usage que vous avez peut-être listés », a-t-il déclaré.
Ardian accompagne les entreprises de son portefeuille dans l’adoption de l’intelligence artificielle et l’identification des applications bénéfiques pour leurs organisations. Par exemple, depuis 2020, Ardian utilise la plateforme Opta pour optimiser la production d’énergie de son portefeuille de plus de 2,5 GW d’actifs d’énergie renouvelable répartis dans 10 pays.
Opta collecte des données en continu et permet à Ardian et aux équipes de gestion d’identifier des améliorations opérationnelles. Les résultats parlent d’eux-mêmes : grâce à Opta, les actifs renouvelables génèrent 10 millions d’euros supplémentaires de revenu net par an, a expliqué Marion Calcine, Chief Investment Officer dans l’équipe Infrastructure & Senior Managing Director
« Ardian élabore des feuilles de route avec chaque entreprise dans l’ensemble de ses portefeuilles, en les aidant à identifier les cas d’usage les plus pertinents et à les mettre en œuvre, a expliqué Clément Marty, Head of Digital Transformation et Managing Director chez Ardian. Lorsqu’elles sont encore en phase d’identification et de sélection de ces cas, il est essentiel de les aider à repérer ceux qui leur seront les plus utiles et de s’assurer qu’ils peuvent également être mis en œuvre. Ensuite, un accompagnement opérationnel est nécessaire. Comment organiser son équipe ? Où trouver les ressources et compétences requises ? Comment choisir l'infrastructure technologique ? Comment organiser la gestion et la gouvernance des données ? Comment gérer l’adoption et le déploiement ? »
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2.5 GW +
d'actifs de production et de stockage d'énergies renouvelables optimisés par la plateforme Opta
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€10 millions
de revenus supplémentaires en plus du portefeuille Ardian
Investir dans l’IA : une priorité stratégique pour les gestionnaires d’actifs
Investir dans l’IA : une priorité stratégique pour les gestionnaires d’actifs
L’IA est porteur de changements pour l’investissement et la gestion d'actifs privés, tout autant que l’investissement lui-même est appelé à façonner l’IA et à ouvrir la voie à de nouveaux entrants pour défier la domination des géants de la Tech. Convaincu de l’impact à long terme de l’IA, Ardian a investi « à pratiquement tous les niveaux de la chaîne de valeur technologique de l’IA ». Son portefeuille d’investissements en témoigne.
En mars 2024, Ardian finalisait l’acquisition de Verne, une plateforme leader et de data centers construits principalement dans les pays nordiques. Elle est fondée sur une mission de réduction de l’empreinte carbone depuis 2012. « Les data centers constituent le socle physique qui sous-tend l’ensemble de la chaîne de valeur technologique. Viennent ensuite les applications, la génération de connaissances, l’intelligence produite par ces grands modèles de langage qui ont des conséquences significatives pour les entreprises », explique Dominic Ward, CEO de Verne.
Ardian détient également des participations dans Artefact, un cabinet de conseil français de premier plan spécialisé en intelligence artificielle ; dans Jakala, une entreprise italienne experte dans l’utilisation de l’IA pour optimiser les campagnes marketing ; dans Translated, leader mondial des services de traduction combinant intelligence humaine et artificielle; et Wintics, qui développe des solutions d’IA pour les villes, telles que des outils de suivi du trafic permettant in fine de réduire les embouteillages et la pollution tout en intégrant efficacement les modes de transport non motorisés.
En plus de ses entreprises en portefeuille fortement exposées à l’IA, Ardian a également lancé en 2023 un fonds spécialisé destiné à soutenir les entreprises européennes actives dans la chaîne de valeur des semi-conducteurs. Lise Fauconnier, Senior Managing Director chez Ardian Semiconductor, a souligné la complexité de ce secteur pour les non spécialistes. Ardian s’est ainsi associé à Silian Partners, une équipe composée d’experts de l’industrie, pour l’accompagner dans le lancement de cette stratégie.
« Dans le domaine des semi-conducteurs, tout repose sur les écosystèmes, analyse-t-elle. Une autre spécificité du secteur réside dans la forte concentration de la clientèle, souvent perçue comme un facteur de risque dans d’autres industries. Ici, c’est tout le contraire : il faut se concentrer sur la qualité des clients et la solidité des relations entretenues avec eux. Habituellement, les investisseurs s’intéressent à la part de marché, mais dans cette industrie, l’indicateur le plus déterminant est la part du portefeuille client : quelle place occupez-vous réellement auprès de vos clients ? »
Une autre spécificité du secteur réside dans la forte concentration de la clientèle, souvent perçue comme un facteur de risque dans d’autres industries.
Ardian remercie spécialement l’ensemble des experts qui ont partagé leur analyse et leurs idées pour affiner notre compréhension du potentiel qu’offre l'IA : Mathias Burghardt (Directeur Général Délégué d’Ardian et CEO Ardian France), Philippe Aghion (Collège de France), Vincent Luciani (Artefact), Frister Haveman (Gain.pro), Claire Calmejane (CAILEG, Hub France IA), Riaan Potgieter (StepStone Group), Andrea Andorno (SAGAT Capital, Aéroport de Turin), Marco Di Dio Roccazzella (JAKALA), Guillaume Liegey (Explain), Philippe Limantour Ph.D. (Microsoft), Fanjuan Shi, Ph.D (Prosol), Marion Calcine (équipe Infrastructure, Ardian), Pauline Thomson (équipe Data Science, Ardian), Clément Marty (équipe Digital Transformation, Ardian), Quentin Barenne (Wintics), Christophe Duverne (Ardian Semiconductor), Marco Trombetti (Translated), Dominic Ward (Verne), Lise Fauconnier (Ardian Semiconductor), Jonas Corné (Greenbyte), les équipes Growth, Expansion et Buyout d’Ardian.
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